"Plutôt que d’espérer vainement que le Forum change les règles qui ont prévalu à sa création, Edouard Fritch devrait réaliser que la solution est simple pour devenir « full member ». Cela s’appelle l’indépendance, et c’est la solution pour développer ce Pays et gagner, à domicile comme à l’extérieur !", insiste un communiqué publié jeudi soir par le mouvement souverainiste UPLD.
Le Forum des îles du Pacifique (FIP) est l'une des deux principales organisations régionales dans le pacifique, il regroupe 16 États indépendants.
Vendredi matin, le leader indépendantiste Oscar Temaru et Antony Géros, président du groupe UPLD à l’assemblée, ont animé une conférence de presse pour dénoncer une campagne de désinformation organisée autour d’une interprétation du communiqué final du 46e Forum du Pacifique. Le document mentionne en effet que, sous réserve d'une modification des conditions d'admission en son sein, le Forum du Pacifique pourrait intégrer la Polynésie française en dépit de sa qualité de collectivité française d'outre-mer.
"C’est tellement simple cette histoire", a réagi Oscar Temaru jeudi en évoquant une manipulation de l'information. "Depuis des années nous menons des démarches pour que notre pays soit membre à part entière du Forum. Mais ce n’est pas du tout la même démarche. Pour être « Full member » le préalable est que l’on soit un État souverain, comme les autres États membres. (…) La résolution adoptée le 17 mai 2013 par l’ONU (réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser, NDLR) a été soutenue par tous les pays membres du Forum. Ils ne peuvent pas avoir changé de position en deux ans. Cela est très clair. C’est la France qui souhaite s’infiltrer dans les assises internationales dont le Forum", estime-t-il.
Soutien de la France
La présidence de Polynésie française a publié jeudi un communiqué de presse qui assure que les critères d'admission au Forum seront revus pour tenir compte de la demande du Pays d’accéder au statut de membre à part entière du Forum alors la Polynésie est actuellement "membre associé". En réalité, le communiqué final du 46e forum mentionne que "les leaders du Pacifique différent leur décision sur la demande de la Polynésie française d’être membre à part entière dans l’attente d’une révision des critères d’admission pour les nouveaux membres du Forum".
Le Premier Ministre samoan, Tuilaepa Aiono Sailele Malielegaoi, a indiqué que le processus administratif n’était pas achevé, mais que les États insulaires s’étaient mis d’accord sur cette intégration.
George Pau Langevin, ministre française des Outre-mer a participé ce vendredi au dialogue post-forum du Forum des Îles du Pacifique, à Port-Moresby (PNG). A travers elle, l'État français soutient la demande d'accession de la Polynésie française au statut de membre à part entière du Forum. George Pau Langevin a "rappelé aux États, collectivités et organisations représentées que la France, avec une communauté de 550 000 personnes, est une puissance du Pacifique et apporte un soutien marqué à la demande des gouvernements de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie pour adhérer comme membres de plein exercice au FIP", indique un communiqué du ministère des Outre-mer, vendredi.
En autorisant la Polynésie française à accéder au statut de membre à part entière du Forum – au prix d’un aménagement de ses conditions d’admissibilité – le FIP pourrait se trouver à l’origine d’un parasitage des démarches engagées par les souverainistes polynésiens à l’ONU, auprès du comité des 24. Pour soutenir leur demande de réinscription de la Polynésie française sur la liste des collectivités non autonomes à décoloniser, les souverainistes polynésiens avaient en effet dû faire la démonstration de l’assujettissement de la collectivité à sa "puissance administrante", la France : malgré son large statut d’autonomie la collectivité ne pouvait pas être considérée comme autonome au sens de la déclaration de l’ONU. Or, de la part de ceux-la même qui ont soutenu la procédure de réinscription, l’admission de la collectivité, en l’état, au nombre des pays membres du FIP donnerait un signal contradictoire et de nature à retarder les travaux du comité des 24.