22 August 2012

Discours du ministre des outre-mer: Rencontre avec les parlementaires des outre-mer


Rencontre avec les parlementaires des outre-mer

Rencontre avec les parlementaires des outre-mer


Discours du ministre des outre-mer prononcé lors de la rencontre entre le chef du gouvernement et les parlementaires (députés et sénateurs des outre-mer) le mercredi 25 juillet 2012, à l’Hôtel Matignon.
Monsieur le ministre chargé des relations avec le Parlement, \Mesdames et messieurs les sénateurs, Mesdames et messieurs les députés,

Je tiens à vous remercier, Monsieur le Premier ministre, pour cette invitation qui est la marque d’une considération particulière pour les parlementaires des outre-mer et, au-delà, pour les peuples qu’ils représentent.

Mais, au-delà de la considération, ce rendez-vous inscrit les outre-mer au coeur de l’action gouvernementale.

C’était l’honneur du chef de l’Etat François HOLLANDE d’avoir pris le soin de formuler des engagements précis et spécifiques en faveur des outre-mer, afin de leur donner toute leur place dans la République et dans son projet pour la France.

C’est aujourd’hui votre responsabilité, Monsieur le Premier ministre, elle est engageante et dès votre nomination à la tête du gouvernement vous avez su créer les conditions pour traduire en actes concrets ces engagements. Ces engagements dont l’ambition est, ni plus ni moins, de retisser le lien de confiance entre la République et les outre-mer, lien passablement mis à mal durant les 10 dernières années.

Vous avez fait du ministère des Outre-mer un ministère de plein exercice et vous avez bien voulu proposer au chef de l’Etat de m’en confier la charge.

Vous avez dans le même temps appuyé une demande ancienne des parlementaires des outre-mer pour qu’il y ait dans, chacun des ministères, un membre de cabinet chargé des questions ultramarines. C’est aujourd’hui le cas dans la quasi-totalité des cabinets de mes collègues qui sont tous eux aussi, comme j’aime à le dire, ministres des outre-mer, chacun pour ce qui relève de ses compétences.

Vous avez ensuite fixé trois priorités pour les Outre-mer dans votre déclaration de politique générale :
la lutte contre le chômage 
une ambition nouvelle pour la jeunesse 
et la lutte contre la vie chère.

Et vous n’avez eu de cesse depuis le 16 mai de témoigner votre disponibilité, votre écoute et votre intérêt pour les dossiers et les problématiques ultramarines.

Je veux, très solennellement et très simplement, vous en remercier.

Et c’est donc fort de cette confiance, armé d’une feuille de route claire, que j’ai installé dans l’action le ministère des Outre-mer ; mobilisé toutes ses ressources ; et fédéré toutes les énergies pour répondre aux priorités du gouvernement qui sont autant de défis qui s’imposent à nous.

Ces défis, nous avons cinq ans pour les relever. Nous avons donc la durée et pourtant, en réalité, le temps nous est compté. C’est pourquoi je me suis mis au travail sans attendre, avec l’enthousiasme et le volontarisme que me connaissent - et me reconnaissent je crois - ceux des parlementaires qui ont été mes anciens collègues.

Le premier des défis, c’est la lutte contre la vie chère. Et ce défi requiert du volontarisme, tant il apparaît nécessaire de bousculer les habitudes, de surmonter les résistances et de vaincre un certain conformisme.

Vous avez adressé un signal fort à nos compatriotes des outre-mer en me demandant de présenter, ce matin, une communication au Conseil des ministres fixant la stratégie du gouvernement sur cette question essentielle pour les outre-mer.

Elément clé de cette stratégie, un projet de loi est en cours d’élaboration afin de mettre à la disposition des autorités publiques de nouveaux outils de régulation adaptés aux outre-mer qui constituent des marchés particuliers, isolés et de petite taille.

Ce projet de loi que nous serons prêt à déposer dès la rentrée, nous voulons qu’il s’attaque aux véritables causes de la vie chère, qu’il permette à l’Etat, mais aussi aux collectivités territoriales d’instiller une belle dose de concurrence là où cela est nécessaire ; nous voulons qu’il donne davantage de pouvoir à l’Autorité de la concurrence et qu’il permette aussi l’émergence d’un véritable contre-pouvoir consommateur.

La réforme proposée a ainsi pour objectif d’améliorer la chaîne de formation des prix. Il s’agit de changer d’approche en passant d’une régulation aval des prix à une régulation amont des marchés de gros et de la chaîne logistique, pour recréer les conditions d’une véritable concurrence sur les marchés de détail.

Ce mode de régulation, conforme au droit européen, incite efficacement les opérateurs économiques à s’inscrire dans un fonctionnement concurrentiel des marchés favorable au consommateur.

La modification du cadre législatif applicable à l’outre-mer est un préalable indispensable à ce changement de paradigme, la loi actuelle ne permet pas, en effet, aux pouvoirs publics d’intervenir efficacement en amont sur la chaîne de formation des prix.

En somme, avec les contributions et le soutien indispensable de la représentation nationale, nous voulons que ce projet de loi réussisse là où d’autres, avant nous, ne sont pas parvenus à combattre les écarts de prix injustifiés entre les outre-mer et l’Hexagone ; des écarts qui grèvent le pouvoir d’achat des plus faibles et qui, nous le savons, ont des conséquences dommageables sur le développement de nos territoires.

Que l’on ne s’y trompe pas : la promotion d’un nouveau modèle de développement solidaire des outre-mer passe notamment par une lutte résolue contre la vie chère.

La loi est une réponse, mais ce n’est évidemment pas la seule. 

C’est pourquoi, dès mon arrivée au ministère des outre-mer, j’ai aussi ouvert une large concertation avec plusieurs acteurs importants de la vie économique dans les outre-mer.

C’est pourquoi, également, le gouvernement s’est assuré que plusieurs mesures prises en faveur du pouvoir d’achat au niveau national soient appliquées dans les outre-mer. C’est le cas du décret d’encadrement des loyers - qui concerne 11 unités urbaines outre-mer –, mais aussi celui de la revalorisation du SMIC et celle de l’allocation de rentrée scolaire, y compris à Mayotte.

Vous avez ainsi indiqué très clairement, Monsieur le Premier ministre, que votre gouvernement a pris la mesure des urgences outre-mer. Urgences en matière de vie chère et de pouvoir d’achat, mais aussi urgences en matière d’éducation et de formation, d’offre de soins, de construction de logements, de développement économique, de finances des collectivités locales, de lutte contre la délinquance ou encore de maîtrise des flux migratoires.

Je l’ai dit, le temps nous est compté, mais la méthode que vous avez définie est la bonne, faite de concertation étroite avec les autres ministres, les parlementaires, les élus locaux et les acteurs de la vie économique et sociale.

J’ai été moi-même, longtemps, un parlementaire et je suis toujours un élu local. Je connais pour l’avoir ressentie la frustration que peuvent susciter des décisions prises depuis Paris, sans avoir mobilisé l’intelligence collective des territoires.

Le changement, c’est d’abord un changement de méthode, une autre façon de faire de la politique et de répondre aux problématiques parfois communes et parfois diverses des outre-mer.

Je le redis, nous sommes pleinement dans l’action, déterminés à réussir le changement, tout en étant pleinement conscients de notre part d’effort à conduire pour assurer le redressement du pays, dans la justice.

Cette justice grâce à laquelle les outre-mer seront acteurs du redressement en même temps qu’ils en seront aussi les bénéficiaires.

Je vous remercie.


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