ANALYSE DES RESULTATS DE LA CONSULTATION POPULAIRE DES 10 &24 JANVIER 2010 – EN VUE DE L’EVOLUTION INSTITUTIONNELLE DE LA GUYANE
ORGANIZACÃO GUIANENSE DE DIREITOS HUMANOS : O.G.D.H. ORGANIZASYON GWIANEZ DRWÈ MUN : O.G.D.M
La consultation populaire devrait être l’aboutissement d’un long processus qui prend ses sources dans les résolutions issues des Etats Généraux. Lesquels Etats Généraux avaient été initiés en 1997 par les socioprofessionnels qui s’effacent à la faveur des personnes de la société civile qui investissent les différentes commissions en permettant l’émergence de nombreuses contributions qui constituent de nombreux pistes pour le développement de la Guyane.
L’adoption de documents de synthèses des différentes commissions conduit à passer le relai aux deux institutions de la Guyane (Conseil Général & Conseil Régional) qui vont se réunir en Congrès en 2001 en vue d’adopter un document intitulé Pacte de Développement de la Guyane devant servir de base de travail avec l’Etat français en vue d’aboutir à la consultation populaire pour l’évolution institutionnelle de la Guyane.
Le processus a été interrompu par l’état français au prétexte qu’il n’y avait pas une adhésion unanime, de la part des élus des Conseil Général et Conseil Régional, à l’idée de l’évolution institutionnelle de la Guyane. Seuls le peuple guadeloupéen et le peuple martiniquais ont été consultés en décembre 2005 sur l’évolution institutionnelle.
Malgré ce camouflé, les élus des Conseil Général et Conseil Régional ont pris l’initiative de relancer le processus d’évolution constitutionnelle qui a aboutit à un calendrier de dates de consultation populaire des 10 et 24 janvier 2010 fixé arbitrairement par l’état français.
Un certain nombre d’observations s’imposent. Les unes relatives au protocole électoral qui est resté à la discrétion exclusive de l’état français, les autres relatives aux résultats de ces consultations. En dernier lieu, il convient de dégager des perspectives.
1. Le protocole électoral a été défini par l’Etat français
Le corps électoral n’a pas été figé car une place était faite aux fonctionnaires fraîchement mutés qui avaient droit de vote pour peser sur la destinée de la Guyane, alors qu’ils quitteraient le pays dans quelques mois voir quelques jours, pour d’autres cieux. Les élus ont essuyé une fin de non-recevoir à leur demande de négociation portant sur la composition du corps électoral.
D’autre part, la consultation s’est déroulée en violation des règles du droit international. En effet, celle-ci aurait dû se dérouler sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, à travers des observations internationales
Enfin, la campagne qui s’est déroulée dans le laps de temps très court a été faite sur la base des divisions ethniques et avec la complicité de medias officiels à la solde de l’Etat français qui ont largement contribué au succès du oui à l’article 73.
2. Les résultats de la consultation du 10 janvier 2010-04-04
Le nombre de Oui à l’article 73 de la Constitution française révisée le 28 mars 2003 est pratiquement égal au nombre de voix Oui a l’article 74 de ladite constitution avec un différentiel d’environ 400 voix en plus pour l’article 73
Le taux d’abstention est de l’ordre de 71% et dénote un rejet de la consultation par la majorité des inscrits.
Si l’on se réfère plus globalement par rapport à la participation générale, le taux d’inscrits est bien sûr très bas (moins de 50%) par rapport au nombre de personnes en âge et en droit de s’inscrire sur les listes électorales (qui est supérieur à 100.000 personnes - tenant compte de la jeunesse de la population – moins de 20ans – qui représente 50%) et par rapport à une population estimée à 220.000 habitants (dont le nombre réel serait de plus de 300.000).
A l’analyse de tous ces chiffres, nous pouvons dire que le nombre résiduel des personnes qui se sont prononcées pour l’article 73 constitue moins de 10% des personnes inscrites sur les listes électorales.
Enfin, plus globalement, le nombre de personnes en âge et en droit de voter n’ont pas jugé opportun de s’inscrire sur les listes électorales parce qu’elles ne se reconnaissant pas dans le système colonial français et par voie de conséquence elles n’accordent aucune légitimité au système électoral français.
3. Les perspectives
Le peuple guyanais au plus profond de sa campagne n’a pas fait le choix de l’article 73 ni de l’article 74 de la Constitution française. Parce qu’ils aspirent à une politique responsable qui redonne sa dignité de femmes et d’hommes libres dans une Guyane souveraine.
Nous persistons à travailler pour que le peuple guyanais soit à nouveau consulté sur son évolution institutionnelle sous les hospices de l’ONU et non plus sous la seule direction du droit interne français sachant que la France n’a pas eu une attitude neutre lors de ces dernières consultations populaires des 10 et 24 janvier 2010.
Cayenne le 4 avril 2010
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